Après avoir confessé notre péché et demandé le pardon de Dieu, l’étape suivante est généralement de changer ses habitudes. Ce qui est sensé. La maîtrise de soi est un fruit de l’Esprit, et les bonnes habitudes nous aident à renforcer notre maîtrise de soi. De brillants psychologues laïques reconnaissent que notre motivation à faire le bien est limitée quand notre volonté est faible. Ils nous conseillent donc de développer de bonnes habitudes.
Les bonnes habitudes dans la Bible
La Bible insiste sur l’idée de mettre en place les bonnes habitudes, à la fois à travers des instructions directes et à travers de multiples exemples. Dans la Genèse, le respect du sabbat s’appuie sur la structure même de la création ! Cet exemple à lui seul nous en dit long sur l’importance des bonnes habitudes puisque cela se traduisait directement dans les pratiques hebdomadaires des israélites.
Proverbes 22:6 dit que les parents doivent éduquer les enfants d’après la voie qu’ils doivent suivre, ce qui sous-entend que les habitudes se forment à un jeune âge et qu’il est important de les acquérir correctement.
Dans le Psaume 1, marcher avec les méchants mène à la ruine alors que, au contraire, Galates 5:16 nous enseigne à marcher par l’Esprit (voir aussi Romains 8:4).
Nous devons donc prendre l’habitude de fuir la tentation et de rechercher le bien. Souvent le commandement n’est pas de résisterà des tentations spécifiques, mais de les fuir. Pensez à Joseph qui a fui la femme de Potiphar (Gen 19). Pensez à Paul qui dit à Timothée de fuir les passions de la jeunesse et de rechercher la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui font appel au Seigneur d’un cœur pur (2 Tim 2:22). Il est intéressant de noter que, alors que nous devons résister à Satan, il n’y a pas de commandement biblique à résister à une tentation spécifique.
L’une des habitudes soulignée et mise en avant dans l’Ancien Testament est celle de prier et offrir des sacrifices pour le péché. Ceci faisait partie intégrante de la vie nationale à travers le temple et le système de sacrifice qui y était associé. De même les cinq livres des Psaumes illustrent la prière et appellent régulièrement les lecteurs à se joindre à la prière pour tout et n’importe quoi, plus spécialement à louer Dieu et s’attendre à ce qu’il agisse avec un amour inébranlable. Les Psaumes et les sacrifices en offrande pour le pardon des péchés étaient combinés dans l’adoration quotidienne dans le temple.
Chez Daniel, l’habitude de prière est tellement bien établie dans sa vie que ses ennemis savent la cibler pour lui causer du trouble. En réponse à cette attaque on peut lire que Daniel « se mettait à genoux trois fois par jour, priait et exprimait sa reconnaissance à son Dieu, tout comme il le faisait avant. » (Daniel 6:10)
De même le Nouveau Testament donne une directive très simple concernant les habitudes de prière : « Priez sans cesse, exprimez votre reconnaissance en toute circonstance, car c’est la volonté de Dieu pour vous en Jésus-Christ. » (1 Thess 5:17)
Le risque des bonnes habitudes
Il existe cependant un risque important associé aux bonnes habitudes.
J’ai rassemblé, sur de nombreuses années, un épais dossier plein d’excellentes idées sur les bonnes habitudes. Certaines consistent à éviter les mauvaises habitudes. D’autres concernent le développement de bonnes habitudes, ou alors, comment remplacer une mauvaise habitude par une bonne habitude. J’ai entendu un orateur nous raconter comment il avait enfermé la tentation de la télévision dans un placard et donné la clé à sa femme. Un médecin chrétien m’a dit qu’il n’avait pas pris de connexion Internet chez lui pour éviter la tentation en ligne, d’autant plus qu’il vit seul. Beaucoup de bonnes idées. Certains créent des groupes de soutien, d’autres utilisent des logiciels. D’autres vont faire une longue balade à vélo dès qu’une tentation frappe, même à deux heures du matin.
Certaines de ces solutions peuvent s’appliquer aussi bien à différents péchés : pornographie, paresse, colère, gourmandise… Chacune de ces choses peut être éloignée par un bon coup de vélo ou une course longue distance qui nous fera oublier ce péché particulier.
Mais voyez-vous le problème ?
Considérez. Sans rien retirer à la valeur des bonnes habitudes (comme prier trois fois par jour, faire du sport, mettre un cadenas sur le frigo, s’assurer que notre écran d’ordinateur est visible par d’autres) posez-vous cette question : quand vous entendez des conseils sur les bonnes habitudes, est-ce que la personne ou l’article ou le livre ou la conférence a pointé vers Jésus ? Cette question est sérieuse et fondamentale.
Ce qui suit ne concerne pas notre désir d’établir de bonnes habitudes pour faire face à notre péché au quotidien qui, s’il persiste, est non seulement fatal mais de caractère démoniaque, puisque Satan est un meurtrier et un menteur depuis le début, et tout ce qui nous éloigne de lui est une bonne chose.
Mais les bons conseils sans référence à Christ, c’est comme une voiture sans moteur, une chorale sans chef de chœur, ou un aboiement sans son chien. Ou — et c’est cela qui importe — un évangile sans le salut. Pire, c’est la menace d’une hérésie de semi-pélagianisme1 selon laquelle le Seigneur Jésus nous aurait fourni une grâce initiale mais c’est à nous de rendre cette grâce effective en développant de bons comportements. Nous ne parlons pas ici de la mise en œuvre de notre « salut avec crainte et tremblement » (philippiens 2:12) mais de compenser quelque chose de fondamentalement inadéquat en Christ, dans le sens où la grâce initiale donnée à la croix est incapable de nous amener jusqu’à être finalement sauvé du jugement de Dieu.
Comment Christ surmonte le péché
Comment, donc, Christ surmonte-t-il le péché en nous, non seulement avec le pardon initial par l’œuvre de la croix, mais dans le combat quotidien contre « le péché qui nous enveloppe si facilement » ?
Hébreux 12, d’où est issue cette expression, a une réponse simple et puissante pour ceux qui sont tentés de s’appuyer sur leurs bonnes habitudes (et on ne peut pas nier que les habitudes de l’Ancien Testament étaient de bonnes habitudes).
La réponse donnée dans la lettre aux hébreux (et du coup dans toutes les écritures) est de regarder à nouveau à Christ qui a été tenté « en tout point comme nous, mais sans commettre le péché » (Hébreux 4:15). Et voilà comment Jésus-Christ, par la croix et la résurrection, et par la puissance de l’Esprit, surmonte notre péché quotidien :
On pourrait en dire encore davantage, que ce soit dans Hébreux ou dans le reste de la Bible. Mais en tout cas si votre vie chrétienne repose sur vos bonnes habitudes, vous pouvez faire mieux. C’est Christ qui va nous délivrer du péché et nous apporter le salut et non les bonnes habitudes.
Jésus sauve
Un ami qui avait lutté contre des addictions à l’alcool et à la pornographie pendant des années a témoigné qu’il avait été délivré littéralement en un jour de sa double addiction, après avoir prié et mis sa confiance en Dieu pour son salut. Et jusqu’à ce jour, des décennies plus tard, il n’a plus jamais été troublé par les tentations de l’alcool et de la pornographie.
Je précise bien sûr qu’il n’est pas sans péché. Et la Bible ne promet à personne que notre délivrance de la puissance du péché serait complète avant le jour où nous serons avec Christ. Mais cette histoire illustre clairement comment la puissance du péché dans notre vie sera brisée, soit en un jour, soit sur la durée de notre vie. Cela arrivera, comme avec mon ami, par la puissance de Jésus-Christ qui, par son Saint Esprit nous élève à la vie nouvelle de la même manière qu’il a ressuscité notre Seigneur. C’est l’idée exprimée à la fin de la lettre aux hébreux, et je finis avec ces mots :
« Que le Dieu de paix, qui a ramené d’entre les morts notre Seigneur Jésus, le grand pasteur des brebis par le sang d’une alliance éternelle, vous rende capables de toute bonne œuvre pour l’accomplissement de sa volonté et fasse en vous ce qui lui est agréable par Jésus Christ, à qui soit la gloire aux siècle des siècles ! Amen ! »
Hébreux 13 :20-21
Cet article a été traduit par Liliane Laubreaux-Tauru.
1. NDLT : Le pélagianisme enseignait que l'homme avait la capacité de chercher Dieu sans intervention de l’Esprit-Saint. Il enseignait que l'homme était en lui-même et par nature, capable de choisir le bien.
Dans le semi-pélagianisme, l'homme ne disposait pas d'une telle capacité, mais lui et Dieu pouvaient coopérer, dans une certaine mesure, dans cet effort de salut. Tout homme pouvait, sans aide de la grâce, faire le premier pas vers Dieu qui, ensuite, pouvait accroître et conserver la foi, achevant ainsi le travail de rédemption.↩